lundi 16 avril 2012


Si je ne le dis pas, ça ressortira de toutes façons, d’une
façon bien moins posée, dans les jours à venir.
Parce que j’ai ressenti ça comme la dernière des
humiliations, la plus douloureuse des blessures.
Et comme une trahison définitive.

Hier, devant un public entièrement acquis à ta façon de voir
les choses, tu m’as mise à terre.

Nous étions avec nos familles et nos amis, avec
accessoirement aussi une des nounous de notre fils, dont j’espère qu’elle aura la sagesse de ne pas
aller le répéter à ses collègues. Et devant tout ce monde, sachant très bien
que je n’entrerai pas dans le jeu et que je ne répondrai pas, tu as dit que
j’étais le paillasson de notre fils. Oh, pas en ces mots, non, mais tout aussi clairement quand même.

A Noël, quand mes parents m’avaient dit que je faisais de
mon fils un asocial, que je gâchais d’avance sa vie, qu’ils n’en voudraient
même pas à l'école maternelle, j’avais déjà terriblement souffert de ton absence
totale de soutien.
Devant tes parents et ta sœur aussi, quand ils sont si durs
envers mon fils, qu’ils sont capables de le snober complètement parce qu’un bébé a
fait son apparition dans la famille, et que toi tu entres dans leur jeu, là
aussi je souffre de me sentir si seule.

C’est déjà dur de ne pas être d’accord, mais l’étaler comme
ça, est-ce bien nécessaire ?

Mais aussi et surtout, je ne me sentais déjà plus une femme
dans tes yeux, mais maintenant, je ne suis même plus la seule chose que je
pouvais encore être, je ne suis même plus une mère.

Je ne suis plus rien.

Tu sais à quel point je suis fatiguée, tu n’as même pas la
décence de m’aider un peu à traverser tout ça.

Tu m’as achevée.
Je me sens achevée.
Je me sens morte.
Hier, tout ce que je voulais, c’était disparaître.
N’avoir plus jamais à subir tout ça.

Si je reste en vie, c’est pour mes enfants.
Je regarde en arrière ce que j’étais, la valeur que je
pouvais avoir et sentir, je n’ai plus rien de tout ça.
Je ne vaux plus rien.

Et le plus ironique de l’histoire, c’est que si je vais
parler à quelqu’un de tout ça, on classera ça dans les dépressions post partum.
La bonne blague.